( Free of Life )

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x. Libre

Courant ventre à terre, le vent glissant sur son pelage gris clair, une jeune louve déclare la chasse à un jeune chevreuil. Celui-ci bondit au-dessus des tronc avec aisance et légèreté, tournant brutalement et avec une rapidité spectaculaire. Mais la femelle ne laissait pas plus de cinq mètres de distance entre elle et le jeune animal, elle sentait l'odeur dans son sillage, ce qui lui mettait l'eau à la bouche. Cette course dura au moins dix bonnes minutes et les deux bêtes commençaient à montrer des signes de fatigue. Le chevreuil arriva devant une rivière et commis l'erreur d'hésiter à la franchir, la louve n'attendit pas plus longtemps. Elle sauta sur sa proie et s'accrocha avec ses griffes au pelage brun de la bête. Celle-ci se débattit et alors que Quest lui lacerait le dos de ses pattes arrières il trébucha, tombant au sol, entraîner par le poids de la louve. Elle saisit le fin cou entre ses crocs jaunis et serra. Elle entendit alors sa proie pousser un long râle avant de succomber à l'étreinte de la jeune femelle. Après s'être assuré qu'il était bien mort, Quest - car c'était son nom - lâcha le cou du pauvre animal, ses babines tâchées de sang ainsi que ses pattes. Elle se rendit alors compte que dans sa folie l'animal lui avait entaillé la cuisse. La plaie n'était pas assez grande pour pouvoir faire trop de mal à la femelle mais celle-ci entreprit de la lécher avant d'entamer son repas. Tout en tirant sur un lambeau de chair, elle se rendit compte qu'elle était sur les terres du Nord, des terres qu'elle avait longtemps condidéré comme les siennes. Après avoir passé quelques mois en région tempérée, elle n'était plus vraiment habituée à cette température froide et frissonait à chaque courait d'air froid. Elle se rapella la soirée avec Tsiguane, l'après-midi avec Shanghas. Tous ces moments lui manquaient, ils avaient été les deux seuls loups qu'elle appréciait. Elle soupira alors en repensant à la mort d'Eowin Junior à la tristesse des quelques membres de son Clan venus à son enterrement. Elle secoua la tête et reprit son repas, sentant peu à peu sa faim se calmer.

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A sa droite, le bruit des chutes d'eau, leur mélodie ancestrale se déversait le long de chacune de ses veines comme un sang propre, celui de la vie, de son tumulte et de sa beauté. De là où il se trouvait, Sky pouvait sentir l'humidité et la fureur de cet endroit réputé, l'image s'imposa à lui, les rochers dans leur manteau de mousse, assiégés par les assauts répétés du torrent. Un frisson parcourut son échine lorsqu'il repensa à sa chute, l'eau glacée entrant dans ses poumons, ce curieux instant, ce silence, du passage de la vie à la mort, le combat, et le triomphe dans ce pouls encore incertain. Mais ce souvenir fut vite remplacé par le rappel merveilleux du panorama, de cette odeur qui y régnait, de sa sauvage beauté...
A sa gauche, l'odeur boisée de la forêt, le fourmillement intense qui y régnait s'était dissipée, ne dominait plus que ce fragile instinct de survie, ce besoin incessant de se nourir, de vivre dans la peur de mourir. La famine les avait tous touché, en cela ils demeuraient tous frères, et Sky eut une petite moue dégoûtée à l'idée d'avoir un semblant lien de parenté avec les crapauds monstrueux qui peuplaient les différentes marres de la forêt. Sky se débrouillait bien, il était beaucoup mieux logé que certains, être solitaire avait parfois ses avantages...On ne pense pas aux autres, juste à soin même, et cela est grandement suffisant. Le gazouillement têtu des oiseaux lui parvenait également, et tout autour de lui, le chant de la brise dans les feuillages des hauts arbres. Un sentiment de paresse extrême le prit, aujourd'hui était un nouveau jour, mais aujourd'hui serait une journée de repos, sans grandes traversées et conquêtes, chaque aventurier se devait d'être fin prêt pour de nouvelles décourvertes, et pour cela rien de mieux que la sérénité d'une matinée paresseuse!
Le mâle noir ouvrit enfin les yeux, cet exercice le prenait chaque matin, les sens d'un loup regorgent de capacités, et se priver d'un d'eux entraînent les autres à le compenser, c'était sur cette expérimentation que Sky travaillait depuis sa plus tendre enfance. La vie repose sur un hasard idiot, mais un loup mieux entraîné reste un loup moins affecté par ce hasard. Ayant prit sa decision, il parcourut les quelques kilomètres qui le séparait des chutes et ne put que s'arrêter lorsqu'il y fut rendu. L'endroit était toujours aussi impressionant, et ses yeux azur parcoururent l'horizon où l'eau et la terre ne semblait faire qu'un. Une odeur de chevreuil vint effleurer sa truffe, l'odeur du sang également, et celui d'un loup, d'une louve si son flair était toujours aussi bon. Le mâle noir se dirigea dans cette direction d'un pas lent et prudent. Elle était bien là, une louve au pelage blanc, dont la gueule ensanglantée fouillait le corps sans vie de l'animal. Sky s'arrêta, gardant ses distances, l'odeur, certes aléchante de la proie ne lui donnait pas le droit à l'imprudence. Son regard vrilla l'inconnue, et immobile il l'observa sans décense aucune finir sa carcasse.

Le vent ne soufflant pas dans sa direction, la femelle n'aurait jamais put capter l'odeur d'un mâle qui était à moins de deux cent mètres d'elle, papillonant dans les envirronts d'un air innocent, fasciné par la beauté de cette cascade sauvage. Elle ne sentit bientôt plus le plaisir qu'on a quand on dévore une proie encore en pleine santé et elle finit malgré tout les quelques morceau de chair qui y restait en tentant de bien les savourer jusqu'à la dernière miette. Ce jeune chevreuil en pleine force de l'âge avait eut une chair tendre et juteuse qui faisait encore frétiller de plaisir les papilles de la solitaire. Après avoir enterré les os restant dans un peu deterre humide, lalouve put enfin aller s'allonger à l'ombre d'un arbre et digérer tranquillement. Tout en prenant son temps elle se mit à lècher son pelage quelque peu tâché de sang ainsi que ses babines, mais elle n'arriva pas à tout enlever car le sang était maintenant sec et fixé sur son pelage habituellement immaculé. Elle poussa un long soupire avant de poser sa tête sur ses pattes mais elle la releva immédiatement, l'oeil méfiant. Se tenait à moins de dix mètres d'elle un loup au pelage noir comme l'ébène et aux yeux bleu comme l'océan. Elle aurait put pensé à Hadès et lui aurait tout de suite sauté à la gorge si elle ne s'était pas rendue compte plus tôt qu'elle ne le connaissait pas. Les poils de sa nuque s'étaient hérissés sans qu'elle s'en rende compte et elle montra les crocs sans pour autant grogner, montrant bien à l'inconnu que sa présence lui était défavorable.

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Le mâle noir aurait pu s'assoir et regarder le spectacle pour le moins frustrant de ce repas englouti devant ses yeux, la louve ne semblait pas s'apercevoir qu'elle n'était plus seule. Trop occupée par ses pensées peut-être, pourtant, si elle avait un temps soi peut relevé la tête, elle l'aurait aperçu, mais bon, après tout ce n'était pas Sky qui allait s'en plaindre. Son odeur ne lui rappelait aucune meute, solitaire donc, c'était ceux qui lui plaisait le plus, bien qu'il était interressant de comprendre comment certains loups se sentaient obligés de se regrouper pour se sentir en sécurité, les solitaires avaient toujours capté l'attention du jeune loup. Premièrement parce qu'il en était un, et en opposition car l'ensemble de canidés que formait les solitaires n'était pas un groupe, ils étaient différents, chacun à leur manière, leur passé, leurs espoirs et vengeances, sans qu'aucun lien ne les relient entre eux, ils n'avaient pas ce sentiment de faiblesse qu'on les loups des meutes, ils restaient libres, et intouchables. Son ombre noir s'approcha de nouveau, discret, il la suivit lorsqu'elle enterra ses os, et sourit à l'idée que s'il avait fait de même quelques semaines auparavant, sa patte n'aurait pas gardé une fine cicatrice argentée le long de son muscle. Enfin elle s'allongea, profitant d'un repos bien mérité. Le jeune loup s'avança de nouveau, oubliant par la même occasion que le vent changeait de direction, tête en l'air! Le pelage ivoire de la louve se soulevait doucement, au rythme de son pouls calme, ses pattes le rapprochèrent, il ne devait plus être qu'à dix mètres d'elle lorsque la femelle releva la tête. Elle se plaça de suite sur la défensive, ses babines retroussées sur ses crocs, elle le toisa d'un oeil mauvais.
Sky, buté au possible lorsqu'il le décidait, posa son postérieur sur la terre meuble et soutint son regard sombre. Il ne parla pas, inutile, les mots n'avaient aucun impact et n'avaient pas bonne figure auprès du jeune mâle.

Les yeux d'un bleu intense du loup ébène semblait la transpercer, ce qu'elle n'aimait pas, elle ne savait pas pourquoi. Elle détourna la tête, essayant de cacher ses crocs ivoires puisqu'il n'avait pas l'air dangereux. Elle se força alors à fermer la gueule et à soutenir ce regard. Si elle se serait écouté, elle aurait détourné le regard mais sa fierté l'en empêchait, son besoin de se sentir égale à un mâle, aussi. C'est ainsi que pendant un temps qui semblait durer une éternité ils se regardèrent tout deux dans les yeux, aucun ne faillant au regard de l'autre. Quest avait beau être le sexe faible, jamais elle ne se laisserais faire par un loup mâle. Elle se coucha doucement et se lècha les babines, clignant doucement des paupières, penssive. Elle poussa un long soupire et posa sa tête sur ses pattes, l'air indifférente avant de marmoner : < B'jour. > C'était sûrement l'une des seules fois qu'elle disait bonjour à quelqu'un quelle ne connaissait pas, après tout c'était comme si elle disait bonjour à ses proie, elle ne les connait pas non plus. Poussant un nouveau soupire et quelque peu de mauvaise humeur, elle regardait à sa gauche, ne croisant plus le regard du mâle ébène.

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Le lien du regard, puissant, dangereux, leurs yeux aux antipodes se faisaient face, Sky ne cherchait en aucun cas à faire jouer de sa virilité devant la gente féminine, mais c'est pourtant ce qu'il ressentit dans le regard de la louve, ce besoin de ne pas se sentir faible, de ne pas baisser le regard. Un regard brûlant d'ailleurs, expressif au possible, sauvage...il lui plut mais le loup ne parla pas pour autant. Enfin elle rompit le lien intemporel qui s'était tissé entre eux, posant sa tête dans un soupir las. On lui avait dit de lui qu'il pouvait être très énervant, trop ironique, trop joueur, mais jamais ennnuyant! Pourtant devant elle, il n'osait jouer le louveteau crétin, et de toute façon, elle ne semblait pas d'humeur à accepter un jeune loup capricieux et ch*ant au possible.
Un "bonjour" presque inaudible raisonna dans l'air, il lui avait arraché la gueule celui-là! Sky n'en espérait pas tant de la part de la femelle, lui n'étant pas du genre bavard, elle le semblait encore moins. Il hocha lentement de la tête, lui rendant son salut. Son regard azur se détacha enfin de sa silhouette pour se reporter sur les chutes qu'on entendait au loin. La louve ne désirait pas sa présence, il fallait être aveugle pour ne pas le voir, tant pis...Et contre toute attente, le mâle noir fixa un long moment encore la femelle ivoire, avant de faire demi tour.
Le bruit rassurant de sa course, de son souffle le fit oublier l'étrange instant qu'il venait de passer. Pourtant il n'y avait rien à dire, il ne c'était rien passé! Mais la louve le laissait perplexe tout en piquant sa curiosité, elle avait tiqué au moment où elle avait relevé la tête. Et puis après...le jeune loup sauta de rochers en rochers, prudent, car la mousse traitresse n'aurait eu aucun mal à le faire chuter. Arrivé proche des chutes d'eau, il sauta sur un rocher plat qui plongea au coeur de la cascade, il avisa un passage où l'eau, retenu par une roche au dessus, ne pouvait couler et se glissa à l'intérieur de la cascade. Il connaissait cet endroit, sa mère souffrante les y avait souvent conduit en sachant qu'ils y seraient à l'abri. Ses griffes raisonnaient sur la roche humide et Sky progressa ainsi jusqu'à une plate forme haute, où il sauta et s'installa. Son regard océan se fixa sur l'entrée, où l'eau se déversait à intervalle régulier, et ses paupières se fermèrent doucement. Si son corps se reposait, ses sens restaient en alerte, et ses oreilles se dressèrent quelques minutes plus tard à l'approche d'un bruit suspect.

Se rendant compte au bout d'un moment qu'elle était seule, elle releva la tête pour constater que le loup d'ébène en face d'elle avait disparu en quelques secondes. Elle l'avaitfait fuir, comme les autres, aucun d'eux n'avaient jamais compris pourquoi elle se comportait ainsi, et il ne le comprendront certainement jamais. C'est ce Quest avait retenu de la vie pour l'instant, qu'il ne fallait pas compter sur les autres. C'est pour ça qu'elle n'avait pas de maute et elle avait aussi un besoin constant d'espace, de liberté, la sensation délicieuse que l'on a lorsque le vent caresse sa fourrure était de loin son moment préféré. Ce n'est qu'après avoir respirer le parfun de la liberté que l'on peut vraiment dire que l'on est un loup, un vrai. Elle était une vraie louve, à présent. Elle se leva, ayant toujours le parfun sauvage du mâle dans les narines. Elle éternua soudain et secoua la tête, puis elle entama un petit trot tranquille jusqu'à un point d'eau, elle se pencha pour lapper le liquide fluide, le bout de ses pattes baignant dans une très fine couche d'eau fraîche. Elle sentit ses poils se hérisser de plaisir, elle aimait tellement cette sensation ! Certains loups de meutes étaient trop loin de cet endroit pour venir s'y abreuver, ce qui accentuait le côté sauvage et isolé de cet endroit, ce qui le rendait d'autant plus interessant pour la jeune femelle. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que le loup de tout à l'heure était juste au-dessus d'elle, sur une plate forme.

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Sky releva la tête et son regard azur s'entrouvrit, et se posa immédiatement sur la source du bruit, très léger pourtant, juste un coup de langue à la surface de l'eau, les ondines, provoquées s'élargirent en un cercle toujours plus grand, l'effet papillon ^^! La louve était de nouveau là, mais comme quelques instants plus tôt, elle ne semblait pas l'avoir vu. A présent que Sky la connaissait un peu mieux, il pouvait oublier ce côté défensif qu'il avait vu chez elle aux premiers abords. Voir sans être vu, moment fragile de l'existance, instant où l'on ne peut mentir, où l'on se découvre telle que l'on est. Ainsi le mâle noir ne retrouva pas devant lui la louve agressive et renfermée de la forêt, celle que la vie semblait avoir laissé de côté. Là, devant ses yeux, évoluait une créature en harmonie avec la nature, que chaque instant se faisait sentir plus en vie, ainsi Sky put presque sentir l'écoulement de l'eau dans sa propre gorge lorsqu'elle lapa la surface et son odeur boisée lui parvint plus nettement.
Le jeune loup resta immobile, allongé sur le ventre, son pelage parsemé de gouttelettes d'eau, il posa de nouveau sa tête sur ses pattes avants et fixa la louve d'un oeil malicieux:

- Encore toi...tu me suis!

Une voix grave s'éleva d'au-dessus d'elle et elle ne tarda pas à reconnaître une voix de mâle, qu'elle n'avait cependant pas la possibilité de pouvoir reconnaître. Elle leva la tête, baissant les oreilles. Au-dessus d'elle, la fixant, se tenait le loup d'ébène de tout à l'heure. L'avait-il observer tout ce temps ? Un petit grognement s'échappa de la gueule de la femelle avant qu'elle ne réponde, faisant à son tour sonner sa voix : < C'est simplement toi qui ne sais pas où aller pour échapper à ma présence. > Elle ne baissa pas les yeux mais sa queue s'agita pendant quelques instants de droites à gauche. Il fallait dire que ce loup n'était pas l'un des autres petits coincés de la vie qui ne vous parle qu'en énigme. Malgré que c'est ce que faisait souvent Quest, elle n'aimait pas qu'on lui fasse à elle. Elle recula pour mieux voir l'endroit où se tenait le mâle et d'un bond elle sauta sur une pierre puis sur une autre pour finalement se retrouver à sa hauteur. < Il est bien, ton perchoir. > Tança-t-elle en regardant autour d'elle, on aurait plutôt put penser à une ironie puisque l'endroit en question était jonché d'une pierre froide et de quelques touffes d'herbes jaunies et sèches.

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Un rire sec échappa au loup noir, la femelle blanche avait du répondant, tant mieux. Il ne contraqua pas mais son regard brilla un moment et un sourire en coin apparut sur son visage. Il l'a vit reculer avant de bondir près de lui. Sa phrase était-elle ironique? Pourtant toutes les merveilles du monde ne valait pas cet endroit aux yeux du loup noir. Légèrement vexé Sky se mura dans un silence sans appel. Il se releva et s'approcha du bord, son pelage exposé aux affres du vent se mouvait, comme animé d'une vie propre. La vue qui s'offrait à lui n'avait aucun nom. Les chutes semblaient partout à la fois, les plus hautes, situées au dessus d'eux déversaient leur limpide liquide, rendant la chaude atmosphère plus supportable, au dessous des deux loups s'étendait un dédale de cours d'eau, comme les chemins sinués de la vie, ils ne cessaient de se rencontrer, de partager, de se séparer, leur débit s'ameunuisait ou au contraire ne cessait de croitre. Sa mère lui avait dit un jour que la nature est l'image même de la vie, et devant lui c'était ce spectacle de perpétuel mouvement. Sky ferma les yeux, un nouveau sourire froid passa sur son visage:

- Bien mieux que tu ne le pense.

Elle ne répondit mot, elle s'avança elle aussi jusqu'à ce que ses griffes soient dans le vide et c'est seulement à ce moment là qu'elle s'arrêta, tout au bord de la chute. Si elle tombait, elle pouvait aisément se casser quelque chose mais elle n'avait pas peur, elle avait confiance en Dame Nature pour qu'elle ne lui inflige pas une telle souffrance. Elle ferma à son tour les yeux et elle laissa la sensation de liberté procurée par le vent l'envahir de plus en plus, jusqu'à avoir l'impression d'être un élément du paysage, elle aussi. Puis elle rouvrit les yeux et regard le loups d'ébène, d'un regard indéchiffrable, peut-être n'était-il pas comme les autres après tout. Peut-être que le fait d'être tous deux solitaires leur donnait un point commun et en effet ils en avaient un : ils étaient libres.
Elle ne laissa pas le silence de son regard s'imposer plus longtemps et demanda à mi-vois, comme si elle ne voulait que personne ne l'entende : < Qui es-tu ? >

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Sky la sentit, proche de lui, s'avancer vers la limite, là où la roche cédait au vide, elle ne parlait pas, ressentant tout comme lui cet instant ephémère et à la fois éternel. Un nuage de vapeur d'eau montait des tréfonds des chutes, les enveloppant dans un monde rêveur, où la terre n'a plus sa place. La présence discrète et à la fois très forte de la louve ne le génait pas, il la sentait sauvage, aussi volatile qu'un oiseau, mais un oiseau au caractère du plus féroce des animaux, qui n'a pour seul bien que la liberté de son corps, et qui la défend plus que tout. La liberté...Sky avait toujours du mal à comprendre comment un loup pouvait aimé vivre aux dépends d'autres, ne pas vouloir partir d'un côté, être obligé de suivre...d'obéir, beurk! Un murmure sur sa droite lui fit rouvrir les yeux, la question lui plut. Qui était-il en effet? Ce n'était pas ce banal " comment t'appelles-tu?" mais une question beaucoup plus difficile, à laquelle bien peu peuvent répondre. Sky y répondit avec simplicité, bien que la phrase en elle-même ne le soit pas réellement:

- Celui que je veux être chaque jour...Je peux changer au gré de mes envies, être celui que je désire être à cet instant précis, et pas celui qu'un autre aurait choisi pour moi, je ne veux pas enfiler de masque!

Ouf, sa plus longue phrase sans doute! Il ne savait comment la louve le prendrait, elle était indéchiffrable, étrange et mystérieuse, mais Sky était sûr qu'elle comprenait parfaitement ses paroles.

La louve tourna la tête vers lui, plongeant son regard mordoré et transperçant dans celui-ci pénétrant et bleu azur du mâle. Un regard que peu de loup pouvaient avoir ... Elle soupira et plaça dans un souffle : < Quelqu'un de libre ... > Elle se redressa de toute sa hauteur, comme si elle était fière d'elle, elle eut un très fin sourire, l'un des très rares qu'elle adressait à des loups, qu'elle n'adressait que généralement à certains loups indépendants comme elle, qui n'avaient pas de limites où aller, qui pouvait aller et venir d'un endroit à l'autre sans se presser, quelqu'un qui sait observer un paysage sur son passage, pas l'un de ces loups de meutes qui sont trop préssés dans leur guerre pour pouvoir observer les merveilles qui les entourent. Ils ne savent pas ce qu'ils ratent ... Et pour rien au monde la solitaire n'aurait échangé sa place avec ses loups là. Ils avaient certes des rangs mais la femelle ne voyait en eux que des âmes prisonnières d'un hiérarchie stricte et qui filent la queue entre leur pattes lorsqu'un loup de rang supérieur leur grogne dessus. C'était pour ça qu'elle n'avait pas chercher à intégrer une meute, car elle n'aurait pas put supporter de se soumettre et tout aurait finit en combat car elle ne se laisserait jamais faire. Elle se rapella alors de cette Kaïda, elle avait certe eut plus d'expérience que Quest mais celle-ci c'était faite battre à plat de couture en laissant à peine quelques blessures et tâches de sang sur le pelage immaculée de la solitaire. Elle en aurait presque rit, pour une solitaire qui joue la rebelle, celle-ci n'irait pas très loin. Son sourire s'élargit en repensant à ça, amusée. Mais il s'éffaça lorsqu'elle reprit : < Tu sais ce qu'on dit ... Tu ne peux voir les choses que telles qu'elles le sont ... >

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Et il ne se trompait pas, en effet, la louve, dans une phrase composée de trois mots seulement résuma avec exactitude le raisonnement de ses paroles. Oui quelqu'un de libre, sans attaque, sans aucune barrière à franchir que celles qu'il s'impose lui-même et celles de la nature. Quelqu'un dont le souffle est celui du vent, et dont le corps même suit son cours, ne s'arrêtant jamais, telle la brise parcourant les terres. Personne ne peut l'arrêter, pas même lui, c'est ce que Sky pensait. Il vit la louve bomber le poitrail, tel un soldat soumis aux règles seules de la nature qui vient d'en faire l'éloge et un sourire discret passa l'espace d'une seconde sur son visage. Le sien ne lui échappa pas non plus, ils se ressemblaient plus que Sky voulait l'admettre, elle ressentait de la même manière que lui, peut-être que dans un futur proche...une amitié serait-elle possible...Un reflus d'images assez claires lui donnèrent la nausée de ses propres pensées, s'attacher à quelqu'un, tisser un simple lien, insupportable, il lui faudrait alors s'enquir de ses nouvelles, se retrouver de temps en temps, pouah! Le jeune loup tourna la tête, comme si ses pensées venaient de s'écrire au feutre indélébile sur son front. Un sentiment moins extrême traversa alors son esprit, tout ce qu'il espérait, c'était qu'ils se reveraient, sans rendez-vous, à l'improviste, de manière si naturelle et plus plus exitante que celle de la préméditation. Satisfait, Sky reporta son regard sur les chutes d'eau, sa mère lui avait appris à plonger à l'endroit exacte où rien ne pourrait le blesser, il l'avait fait une fois, lorsque sa mère était décédée et avait failli se noyer, pour l'instant le simple fait dit penser lui déclanchait des frissons, peut-être attendrait-il encore un peu, avant de tenter le grand plongeon. Les paroles de la louve le tirèrent de sa rêverie et lui tirèrent une grimace douteuse:

- Moi ce que j'en dit, c'est qu'il y a un paquet de loups qui y arrivent, à cacher ceux qu'ils sont, et pas le temps d'une demi-seconde...

Elle écouta ses paroles et fronça les sourcils quelques instants avant de reprendre une attitude normale. Cacher ce que l'on est vraiment... Etait-ce qu'elle faisait ? Sûrement mais ce n'était pas pour n'importe quelle raison. D'autres le font pour être interessant, pour essayer de se démarquer des autres volontairement. Mais lorsque l'on est vraiment différent des autres, que l'on a pas chercher à l'être, c'est ça être vraiment différent. Quest savait bien cela, elle savait ce que voulait dire le mot < Différence >. Si un jour dans sa vie il lui arrivait de croiser quelqu'un qui ait la même histoire qu'elle, ce serait sûrement la seule personne avec qui elle pourrait bien s'entendre. Mais malgré qu'elle était sure que le loup noir n'avait pas la même histoire qu'elle, elle n'arrivait pas à trouver un prétexte pour partir, peut-être car il était l'un des rares loups solitaires dont il faisait la connaissance et avec lesquels elle pouvait s'exprimer sans être fixée avec un regard interrogateur du genre < Qu'est-ce que tu raconte ? >. Elle soupira en entendant les paroles du loup et tourna alors la tête pour le fixer dans les yeux. < Mais certains ne le font que par interêt, juste pour que l'on fasse attention à eux. Ces loups-là, ils ne savent pas ce que c'est la différence. > Sa dernière phrase, elle l'avait murmurer, comme pour elle-même puis elle détourna le regard et fixa à nouveau le cascade.

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La vie n'est pas que solitude, Sky le savait plus que tout, bien sûr on n'est vraiment jamais seul, on peut toujours dire que le vent nous accompagne, que la forêt nous entend, que la lune est notre amie du soir et le soleil celui du matin, bref, on peut toujours trouver pretexte à l'isolement, au fond, notre instinct nous ramène toujours vers notre race, nos congénères. Et si aujourd'hui il avait fait la connaissance de..., à oui, c'est vrai que pour connaitre quelqu'un et oser prétendre la connaitre, il faudrait déjà savoir son nom à cette demoiselle. Enfin, s'il avait fait sa connaissance aujourd'hui, donc, ce n'était pas qu'un hasard, ses pas étaient parfois guidés par autre chose que sa conscience et sa volonté propre, par une force bien plus supérieure et impérieuse, sans nom, tout en instint.

Sky avait cru la comprendre, mais ses paroles les éloignèrent tout en les rapprochant. Alors lorsqu'il cachait aux autres son identité, son passé, sa nature même, ce n'était que pour se rendre intéressant? Peut-être après tout, cela le rendait plus mystérieux, plus attractif, cela expliquait peut-être pourquoi lorsqu'on ne fait rien à personne et qu'on leur dit gentiment qu'ils ne sont pas les bienvenus, ceux-ci restent comme même. Mhh, il faudrait qu'il y réfléchisse. La fin de sa phrase fit tout de même tiquer le jeune mâle noir. Il savait qu'arriver à un point d'une conversation, on ne peut s'empêcher de se dévoiler, de se trahir, de rentrer dans un espace plus intime, d'y mettre trop du sien. Et ses derniers mots imageaient à merveille ce raisonnement. Différente, alors comme ça elle se pensait différente, et bien qu'elle ne soit pas déçue, elle était effectivement bien différente du reste de la communauté lupine, en fait, elle était la plus différente du petit comité de loups qu'avait rencontré Sky. Mais au fond, nous sommes tous différents, et à la fois tous ressemblants. Sky chercha le regard de la louve, sans succès, alors il lui répondit avec la même douceur, le même murmure qu'elle avait utilisé:

- Cela dépend également de ce que l'on veut voir, la différence...ou la ressemblance?

< Ce n'est pas qu'un question de caractère. Répondit-elle en posant sur lui son regard mordoré. C'est imposer une limite à quiconque veut connaître la personne en question. > Son regard indéchiffrable ne brillait d'aucune émotion, comme toujours. La louve regardait le loup noir comme si elle cherchait à lire en lui comme on lit un livre mais arrêta tout de suite. D'habitude cela ne l'aurait pas déranger mais cette fois-ci elle ne voulut pas lui jeter ce regard-là. Elle s'éfforça alors de le regarder d'une manière différente, qui ne pouvait pas trahir son malaise et elle ajouta précipitament. < Et toi jusqu'où vont tes limites ? > Ce n'était pas que le silence la gêne, mais pour la première fois de sa vie elle essayait de ne pas regarder quelqu'un d'un regard pénétrant, malgré que c'était son regard naturel. Elle inspira profondément une brise tiède ébouriffa son pelage presque blanc. Ses yeux jaunes soulignés de noirs regardèrent alors le creux qui la séparait du sol d'au moins cinq mètres, elle n'avait pas le vertige. Puis elle s'assit, la queue enroulée autour de ses flancs et contempla le ciel d'un air ailleurs.

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Enfin il put capter ses yeux aux reflets or, si son visage restait impassible, Sky sentait son regard bouilloner et fouiller le sien. Il se rebuta de suite, il n'aimait qu'on cherche à savoir qui il était, il n'aimait pas que, n'ayant pas réussi à savoir qui il était par ses paroles, on plongeait dans son regard océan, qu'on dit miroir de l'âme. Le mâle noir détourna le regard au moment même où la louve arrêtait de le sonder. Sky ne sut ce qu'elle y avait vu, mais un certain malaise, qu'il n'avait jusque là jamais ressenti durant leur conversation s'installa. Rester secret, laisser le doute et le mystère planer sur lui, c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour rester libre à jamais, peut-être idiot, mais cette technique avait jusque là fait ses preuves, jusque là...
Sa question accentua son mal être et le loup ne lui répondit pas tout de suite. Il n'avait jamais imaginé qu'on puisse le déchiffrer ainsi. Lorsqu'on lui demandait son nom, son passé, il n'avait qu'à s'en sortir comme il le faisait toujours, par d'autres questions, où des vagues réponses, ou alors des "non" catégoriques. Mais la louve avait une toute autre façon de s'y prendre, bien plus pertinente, et Sky perdit un court instant son zèle pour ne plus être que ce corps fragile qui sévit en chacun de nous. L'odeur de l'eau emplissait ses narines, et la question raisonna dans son esprit " jusqu'où vont tes limites?" Désaçonné, sans aucun doute, mais Sky ne le montra pas plus. L'endroit avait fini par l'opresser, et il se releva souplement, avant de sauter sur une pierre en contrebas, ses dernières paroles furent à peine audibles:

- Jusque là, je les avais cru infinies.

Son élan l'emporta au bord de la roche et il progressa ainsi jusqu'à la terre ferme. Le jeune loup doutait qu'elle le suivrait, et ne sut si au fond il l'espérait. Lorsqu'on parle trop, arrive ce moment où l'on cherche toujours à savoir qui est l'autre, à s'attacher à sa personnalité et d'en vouloir plus. Au delà des chutes, le mâle noir pouvait apercevoir la forêt, si accessible, si proche, pourtant il resta au bord de l'eau. Les galets polis et d'un oval parfait roulèrent sous ses pattes lorsqu'il se rapprocha de la surface liquide, son visage s'y refleta, balayé par quelques ondes instables. Qui es-tu?

Aurevoir.

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[ Fin du sujet? ravie d'avoir fait ta connaissance ;) ]

( Oui, fin du sujet. Moi aussi. ( Free of Life ) 299531

)

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