Corwin
* Guerrier(e)
 ▌M e s s a g e s : 906
▌I n s c r i p t i o n : 13/03/2008
▌A g e : 28
▌D e v i s e : Marche ou Crève.
▌P u f : Cloow, SunRise
▌H u m e u r : Machiavélique + Héhé +
 |  Sujet: « Insanity World... »  Lun 30 Nov 2009, 20:15 | |
| | « A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature. »
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» D'une démarche de robot il avance, le pas rythmé par la mort elle-même, pareil à un bourreau allant à la rencontre du condamné. Il laisse derrière lui ses traces ensanglantées, sordides tâches rouges contrastant sur la pureté blanche d'une neige à présent souillée. Ses babines sont figées en un rictus carnassier, de ceux qui jouissent du malheur d'autrui, mais ses yeux plissés contre le vent glacial sont sérieux et y brille une lueur déterminée. Ses muscles roulent sous son épaisse fourrure fauve, dans ses veines son sang pulse avec force tandis que l'adrénaline l'empoigne. Mais son coeur... Son coeur s'est perdu entre sa folie et le néant, à l'instar de son esprit. Egarés, ils semblent planer, indécis du chemin à prendre pour retrouver ce pourquoi il brillent, ce pourquoi ils battent. Son âme, elle, depuis longtemps s'en est allée, et pourtant, la gravité terrestre le tient toujours, comment ? Comment peut-il vivre sans sa vie, sans son souffle, sans son amour ? Car il est damné.
Toujours vivant de l'extérieur mais mort à l'intérieur, Corwin vogue sur un océan agité et confus. Ses pensées n'ont plus aucun sens et se dispersent autour de lui comme un amas de feuilles dérangées par une brise invisible. S'il pouvait, il se coucherait là, à même la neige, dans le froid et l'inconfort, à attendre. Attendre peut-être qu'un éclair le foudroie, que la roche se brise et le fasse sombrer dans une faille sans fin. Ce qu'il veut, c'est mourir ; ce qu'il veut, c'est la retrouver ; ce qu'il veut, c'est la mériter. Comment en est-il arrivé là ? Comment peut-il, après avoir ôté tant de vie, vouloir s'ôter la sienne aussi ? Car l'amour ne fait pas vivre, pas plus qu'il ne sauve les coeurs. L'Amour tue.
L'Amour rend fou.
La folie grandit en lui aussi vite que sa raison se désagrège. Son regard a perdu de son éclat et cherche maintenant à travers la nature quelque chose à quoi se raccrocher, un détail, une odeur, un signe même chimérique pour lui redonner l'espoir qu'elle est là, tout près, qu'il lui suffirait de franchir ce tronc d'arbre, d'atteindre l'orée de cette forêt, pour pouvoir mêler son pelage au siens, croiser son regard, apercevoir sa silhouette. Pauvre idiot, après tout ce que tu as fais, crois-tu que quiconque aurait pitié de toi ? Et pourtant il avance, sans une pause, sans une hésitation...
la tête haute, l'allure fière...
Comme un indice sur ce qu'il lui reste à faire, la Terre semble s'arrêter là. Une faille profonde interdisant de par sa largeur à qui que ce soit d'atteindre le côté opposé. Son sourire semble s'illuminer un instant, tandis que le dénouement de son histoire prend un sens dans ses pensées. Il ne s'arrête qu'à l'extrème bord du précipice. Loin, loin en dessous, ce qui ressemble à un ruisseau se démarque sur la roche ôcre. Un ruisseau assurément aussi large qu'un fleuve, une fois vu d'en bas. Son regard se porte alors sur le ciel, et comme un ultime défi, il dit :
« Ni Elbereth ni qui que ce soit n'aura eu raison de moi. »
Les loups savent-ils voler ? Non, me répondriez-vous. Mais ne parlez pas trop vite, à voir ainsi Corwin, sans plus aucun sol pour le retenir, aspirer à une vitesse fulgurante par le vide, on pourrait jurer que des ailes lui sont poussées...
la mort je m'en vais étreindre,
la tête haute, l'allure fière,
les démons je m'en vais rejoindre,
sans un regard en arrière...
N'appelez pas cela un suicide, mais un meurtre.
Mon meurtre.
Je vous l'avait dit... que ma dernière victime serait moi-même.
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