{ BR0KEN CHILD ... Name&Some

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... BR O KEN S O UL

Broken child

Broken soul

« Bouge pas, t'es cerné »

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Coup de patte. Et il avance lourdement. Sur les talons de la fille des ténèbres, brume se faufilant furtivement à travers le paysage. Insensible aux méandres du temps. Intangible. Il épouse chacun de ses mouvements, valsant avec la silhouette élancée de sa partenaire immatérielle. Le duo semble tout droit sorti d'un autre monde. Deux êtres de l'Au-Delà que les mortels ne peuvent saisir.

Son regard recèle une sagesse vieille comme l'univers. Son corps aux muscles saillants, pourtant si jeune, porte les marques d'une vie se consacrant à la lutte pour survivre. Chaque geste qu'il fait, même le plus anodin, semble remplit d'une aisance marquant une répétition quotidienne. Les heures passées à combattre. Les heures passées à observer. Tout ce qui est passé près de lui est gravé dans sa mémoire. Le murmure du loup se confiant à la lune. Les mouvements furtifs du vent dans les feuilles. Ainsi, il a saisit toutes les connaissances qui lui ont été offertes. Et même celles qui lui ont été refusées.
Chercheur d'étoiles, pilleur d'espoir. Il a sut dénicher l'invisible et s'en imprégner.

D'un mouvement furtif, la femelle ténébreuse arrête tout mouvement. Immédiatement, le loup cesse de bouger, reflet parfait de sa compagne. Leurs regards s'entrecroisent, valsent rapidement. Ils se comprennent totalement, parfaite harmonie s'étant installée entre eux depuis leur premier moment de collaboration. Les flammes de son regard embrassent les quelques arbres du lieu, frôlent ce qui reste des pachydermes d'autrefois, chatouillent une hyène au loin.
Tout n'est qu'illusion.
Elle aussi le sait, le sent.
L'adolescent banda ses muscles, dressa ses oreilles, réagissant au moindre signe suspect, écoutant le moindre bruit.
Ce fut elle qui la perçut en premier. Une odeur contrastant avec celles planant sur le reste du lieu. Un rictus carnassier vint étirer les lèvres du loup l'espace d'un instant, d'une seconde. Un mouvement bref, sur la gauche attira son regard, lui passant un message silencieux. Hochement de tête. Il redresse les oreilles. Sa soeur disparut dans l'obscurité, lui, guettant les infimes signes de l'atmosphère qui auraient put annoncer un danger pour elle. Elle fut de retour avant même qu'il ait le temps de réfléchir. Ses pas alliant grâce et fluidité font halte, les regards se croisent, les pas repartent aussitôt, cette fois en double de ce qu'ils étaient avant. Le mâle avance, à la course, ne laissant derrière lui que l'empreinte de son passage. Le vent fouette son pelage, siffle à ses oreilles. Puis, le loup s'arrête brusquement, repart sur la droite. Ses yeux observent le fond de l'affaissement se trouvant à sa gauche. Rien d'autre que la Mort. Enfin, il cesse tout mouvement. Un silence profond s'installe, légèrement troublé par le souffle régulier d'une présence quasi-inconnue pourtant si familière. Dans un grognement sourd, le loup montre les crocs, son regard trahissant l'aggressivité dont il pouvait faire preuve, avançant droit sur Somewhere comme une flèche vers un point de mire. Bientôt, un murmure perce le calme presque paisible planant autour des trois loups de même meute.

- Bouge pas, t'es cerné.

Coup de tonnerre, accompagné d'un sauvage aboiement chargé de promesses noires. Le mâle dévisage le jeune Prince sans se soucier de son statut.
And you take your time. And you do your crime.

xD

xDDD

x]

La Mort qui rôde est un spectacle dont ne se lassent que les faibles et les lâches. Elle est présente partout en ce lieu que l’on appelle parmi les animaux diurnes, le Cimetière d’éléphants. Elle fait partie intégrante de cet endroit reculé de l’ouest. La Mort s’est faite maîtresse du Cimetière, dans les gigantesques squelettes de pachydermes semblables à d’immenses sculptures d’un fade ivoire, dans la terre du sol qui ressemble étrangement à la poussière des Enfers mais aussi dans cette brume blafarde qui traîne ses longs bras vaporeux dans les sinueux chemins formés par les cadavres nus de chair. Rares sont ceux qui s’aventurent par hasard en ces lieux, la Mort n’étend jamais ses filets sur les êtres dignes de vie. Elle préfère les téméraires, les imprudents qui ne savent pas résister au séduisant appel de l’inconnu et du danger.

Pourtant c’est bien le hasard des chemins qui conduit Somewhere, jeune prince héritier de la meute Black, a pénétrer dans ce sanctuaire maudit. Marchant à pas lents et silencieux, le jeune loup frôle à peine la poussière du sol pour n’émettre aucun bruit et ne pas dévoiler sa présence. La lune livide se reflète sur son pelage aux tons de sable et lui donnent l’apparence d’un fantôme. Somewhere n’en a cure et poursuit son observation, il avance doucement dans le labyrinthe des crânes et des amas d’os. L’étonnement et la fascination font briller son regard d’une pâle lueur ambre. Ce qui le frappe le plus c’est l’absence quasi-totale de nuance dans les couleurs. Tout est terne, les crânes sont recouverts de poussière et ne brillent pas de leur éclat d’ivoire, le pelage du louvart est livide et son habituel regard de miel est à présent teint d’une étrange couleur d’ambre ternie.

Les pas de Somewhere le mènent dans un coin du cimetière où le sol s’est affaissé pour former une espèce de cuve peu profonde. L’adolescent s’y engage, attiré par la forme étrange d’un squelette abandonné au fond. Arrivé à la hauteur des ossements, il tend le museau vers eux et les renifle prudemment. Frappé de stupeur, il se rend compte que ce sont les os d’un loup mort il y a plusieurs jours de cela et que les charognes ont soigneusement dévoré, abandonnant la carcasse au milieu de la cuve. Somewhere recule lentement et jette un regard alentour. La brume a enveloppé les plus hauts squelettes et s’approche doucement de la surface du sol. Un vent léger sinue parmi les ossements et entraîne dans son sillage les filets de brume. Le Temps semble être arrêté, il n’y a ni vie, ni lumière pourtant une voix suave perce soudain le silence macabre du cimetière.

« Bouge pas t’es cerné »

Le jeune loup pointe une oreille en direction de la voix puis se retourne. Au dessus de lui, en haut de l’espèce de cuve naturelle, se tiennent deux loups qu’il reconnaît immédiatement. La femelle, fine presque maigre, au pelage gris perle le fixe avec insolence et mépris. Son frère, grand et le pelage brun, montre les crocs en direction de Somewhere. Fallen Angel et Nameless Suffering. Le regard du jeune loup s’assombrit tandis qu’il les fixe chacun leur tour. Liés par le même âge, les trois louveteaux n’ont jamais vraiment grandi ensemble. Le frère et la sœur passaient leur temps à deux, excluant Somewhere ce qui ne l’avait jamais dérangé, habitué à être seul. Cependant leurs rares rencontres s’étaient chaque fois soldées par un combat dans lequel le jeune prince se battait seul contre deux. Inégal, injuste direz-vous mais Somewhere a toujours joui d’une certaine fierté et se gardait bien de raconter ce qui se faisait dans ces combats de louveteaux et maintenant apparemment d’adolescents. Car Fallen et Nameless n’étaient certainement pas venus pour discuter proie et gibier.

Somewhere serra les dents et leur fit face bien qu’ils soient quelques mètres au dessus de lui. Gonflant son poil, il leur lança en les chargeant d’un regard noir.

« Tiens tiens mais qui voilà donc ? Le frère et la sœur ! Dis moi Nameless, tu as peur que Fallen s’envole ou de te perdre sans elle ? Non franchement dis moi parce que ça m’intrigue, vous êtes tout le temps à deux on pourrait croire que vous vous aimez, si tant est que vous ayez un cœur pour le faire ! »

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« Relax, le Chiot, on va pas te bouffer. Ravale ta fierté et tes beaux mots et garde-les pour tes futurs fidèles sujets.

Le jour de ton couronnement approche, cher prince ; es-tu sûr d'être à la hauteur, après les générations de grands dirigeants qui se sont succédés bien avant ta naissance ? Ta sœur se débrouille comme elle peut, mais toi, parviendras-tu à garder le contrôle d'une meute brisée par la guerre et la famine ? Un jeune roi comme toi, qui aime tant rester seul avec ses pensées, parviendra-t-il à supporter d'être constamment le sujet de l'attention générale ? »

« Tu auras beau faire de ton mieux, tu ne seras avant longtemps rien d'autre qu'un orphelin épris de solitude. Qui sera là pour te conseiller ? Shadow ? Malgré son expérience, elle ne s'est pas assagie, et cela tout le monde peut le voir rien qu'à la flamme qui brûle au fond de ses yeux. Ta sœur de portée ? Elle semble ailleurs, distante, peut-être ne s'est-elle toujours pas remise du choc que lui a causé la disparition de ses parents. Le vent lui vole ses mots, si bien que son conseil risque d'être aussi tangible que de la poussière. Quant à ton amie Latchula, sa jeunesse risque de ne t'être d'aucune aide »

« Tu es seul, le Chiot. Plus que jamais »

Fallen éclata de rire, on y aurait presque cru. Le jeune prince ne s’y laissa pas prendre. Il connaissait trop ces deux là pour plonger dans leurs pièges tendus sciemment devant ses pattes. Redressant légèrement le museau, il planta ses yeux dans ceux de la femelle et l’observa sans ciller. Plus elle parlait, plus son ton se faisait incisif. Le but était sûrement de le déstabiliser. Martelant qu’il serait seul, sans personne pour le conseiller. Il aurait sur les épaules le poids d’une tradition, d’une meute et de tous les espoirs qu’on fondait en lui. Ses paroles débordaient de morgue, d’amertume. Somewhere continuait à la fixer, sans bouger ni parler. Il préférait la laisser finir. Elle se donnait en spectacle devant lui. Si belle. Si froide. Sa maigreur, sa fourrure emmêlée et ses paroles remplies de poison n’enlevaient rien à sa beauté. Le jeune loup la plaçait ailleurs dans Fallen. L’ombre d’un sourire s’esquissa sur ses babines. Elle était comme le Diable. Elle en avait la beauté.

Le contact de leurs corps plaqués l’un contre l’autre attira son attention. Il sourit pleinement cette fois-ci, amusé de cette situation. Fallen essayait de le déstabiliser, elle déployait tout son machiavélisme pour ça. Mais ils se connaissaient trop pour que Somewhere croie à ses paroles. Si elle était venue lui souhaiter bonne chance, là il se serait inquiété. Fallen lui servait en quelque sorte de détecteur de mensonges, il avait appris à interpréter ses paroles plus que celles des autres. Tout comme la louve savait où appuyer pour le faire douter, il savait où renforcer son courage. C’était un jeu du chat et de la souris, qui arriverait le premier dans le cœur de Somewhere. Serait-il détruit ou protégé ? Tout se jouait en lui. Aujourd’hui il avait une longueur d’avance. Eclatant d’un rire amusé, le jeune loup baissa la tête puis la releva en la secouant comme pour signifier que la plaisanterie était très drôle.

« Oui tu as raison Fallen, je suis seul. »

Il laissa son regard passer de la louve grise à son frère, puis revint à elle. Souriant.

« Mais c’est le propre d’un roi d’être seul. Constamment. Même quand de charmants loups comme vous deux viennent discuter, on est encore et toujours seul. Mais tu vois, si j’aime être seul, je ne dédaigne pas la compagnie. Sinon je n’accepterai pas de devenir dominant. Et puis j’ose espérer que tu seras toujours là pour me prodiguer tes… précieux conseils. »

S’approchant des deux loups, il s’arrêta devant Fallen, le sourire semblait collé à ses babines. D’un rapide mouvement, il lécha le museau de la louve puis se recula. Il ne savait pas trop pourquoi il avait fait ça. Pour la défier, la mettre hors d’elle peut-être. Pendant une seconde, elle n’avait pas pu être maîtresse de la situation, ça allait sûrement la rendre folle. Ou pas. Somewhere savait qu’elle savait qu’il la connaissait sur le bout des griffes. C’est parfois dans la haine qu’on cerne mieux les autres. C’était leur cas en tout cas. Somewhere s’éloigna à nouveau de quelques pas puis planta ses yeux dans ceux de Nameless, resté silencieux depuis le début.

« Et toi Nameless, tu as aussi de chaleureux conseils à m’offrir ? Voyons voir qui de vous deux s’en sortira le mieux pour me faire perdre espoir ! Que le meilleur gagne. »

Son regard croisa celui de Fallen. Il sourit de plus belle. Insolent.

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Silencieux, Nameless observait la conversation et gravait dans sa mémoire chaque bon pas et chaque faux pas, autant du côté de sa soeur que de celui adverse. Il pourrait utiliser ceux de Somewhere lorsqu'il en aurait l'occasion, s'il ne se trompait pas lui-même.. De toute façon, si c'était le cas, le loup ne l'avouerait jamais, vu l'amour propre démesuré qu'il possèdait. Le macho type, en effet. Coureur de jupons avec un ego gigantesque. Le briseur de coeurs que les filles détestent tant. Avec lui, une nuit et il est parti. Débrouillez-vous avec ce qui en découle, mesdemoiselles.

Toujours aussi muet, il écouta son associée et l'observa frôler l'adversaire. Autant le loup avait hérité d'un corps d'athlète attirant la plupart des femelles, autant sa soeur avait la finesse et la fluidité que lui-même recherchait chez ses conquêtes. D'ailleurs, il lui arrivait souvent d'agacer la louve avec ce détail.. Dans un humour aussi noir que son esprit, mais qu'elle connaissait depuis sa petite enfance. Les autres croyaient certainement que les deux frangins étaient sans cesse en train de lutter ensemble verbalement..

- Et toi Nameless, tu as aussi de chaleureux conseils à m’offrir ? Voyons voir qui de vous deux s’en sortira le mieux pour me faire perdre espoir ! Que le meilleur gagne.

L'interpellé releva les yeux vers le Prince. Un sourire narquois se traça rapidement sur ses babines. Impossible de dire s'il se moquait de l'adolescent devant lui ou de la situation.. Il descella ses lèvres et lui cracha presque aux visage des mots qui l'auraient rendu lui-même fou de rage ;

- T'sais, qu'en te plaçant toi-même sur un piédestal ce seront les autres qui te feront chuter et non ta .. Perte d'espoir ?

Même si dans ce cas ci, je dirais ego plutôt qu'espoir.

Vous n'avez pas compris toi et ta petite famille

que vos pauvres esclaves peuvent en venir à se retourner contre vous.

Le regard du grand mâle était presque vide d'expression, seul la franchise se lisait dans ses yeux. Pour lui, ces paroles n'étaient là que pour faire remarquer une évidence que le loup connaissait depuis toujours. Il ne faisait qu'affirmer la vérité, même si celle-ci faisait mal pour certains.

- À ce moment là tu sauras ce qu'est la vraie solitude. Tout le monde contre toi. Toi contre tout le monde. Et tu regretteras de l'avoir un jour appréciée.

Même lui, misanthrope de la pire espèce savait qu'il n'arriverait à rien sans sa soeur, sa complice dans cette affaire contre le futur Dominant. Il faut au moins une présence. Une seule. Près de nous pour nous porter secours ou nous aider à arriver à nos fins.