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 ▌M e s s a g e s : 18
▌I n s c r i p t i o n : 12/10/2009
▌P u f : Hel
 |  Sujet: Requiem  Sam 17 Oct 2009, 20:03 | |
| Fallen Angel
Que s'était-il passé avant cet accident ? Je ne me souviens que du tranchant des canines s'enfonçant avec force dans les moindres recoins de ma peau. Cette douleur tentaculaire et morcelée se décante lentement dans mon environnement présent, granuleux mélange d'une réalité déviante et d'un songe macabre. Chaque instant qui trouve sa voie en ces lieux me rapproche encore un peu plus d'une folie gangrenant l'espace. Pourtant, cette voie semble la seule qui puisse me mener jusqu'à l'embouchure du monde réel, la seule qui ait le pouvoir de réveiller en moi des souvenirs assoupis. La complainte du vent patinant sur la glace lisse et froide honore ma mort prochaine. Mais ce hurlement-ci est différent.
J’ouvris brusquement les yeux dans un sursaut de frayeur. Une peur diffuse et serpentine se mouvait dans l’éclat vieil or de mes iris, injectant ses tentacules venimeuses au fond de mes pupilles dilatées. Mon cœur s’agitait comme un oiseau affolé, prisonnier dans sa cage d’os, me faisant ressentir toute la violence de ses pulsations jusque dans les tempes. Le sang affluait dans mes veines en remous torrentiels qui agitait ma peau de frissons brutales et incontrôlables, et j’haletais, le corps battant, la tête résonnant encore du cri horrifique de mes songes. Des ombres sans visages erraient devant mes yeux, leurs contours flous dansant dans la noirceur de mes prunelles... Je les chassais d’un clignement de cils nerveux, et pus enfin me rendre compte de l’endroit où j’avais atterrie. Le ballet romanesque des flocons louvoyer fiévreusement autour de moi, mouchetant la face épurée d’un lac dont la rive m’avait recueillit et blanchissant les branches rachitiques des arbres. Ils venaient se noyer dans le dédale de mon pelage, l'enflammant d'une poussière scintillante. Inconsciente de l’emprise glacée dans laquelle ils me plongeaient, je contemplais les lieux avec un malaise croissant. Quand et comment étais-je arrivée là, je n’en avais pas la moindre idée. Un trou béant entaché mes souvenirs. Et le pire, c’était que je ne me souvenais même pas d’avoir oublier. Tel un nouveau-né, ma vie commençait ici.
Mon corps demeura prostré le temps de quelques secondes, puis j’amorçais un mouvement pour me remettre d’aplomb. A l’instant où la courbe de mon échine s’anima, je ressentis l’étreinte d’une douleur cuisante lécher ma peau comme une langue de feu. Mes mâchoires claquèrent aussitôt, les muscles contractés à n’en plus pouvoir. La souffrance s’atténua à peine, mais je ne desserrais pas l’étau de mes crocs jusqu’à ce qu’elle se fut amoindrie. C’est alors que je les vis... Dans le reflet miroitant de la glace où ma propre image se réverbérait. Elles étaient si nombreuses, les balafres horrifiques qui bariolaient mon corps. Des plaies aussi béantes qu’impressionnantes, et qui, je le sentais, entamaient jusqu’au plus profond de ma chair. Mon corps en était dévoré. Les lèvres à vif de certaines blessures tracées des sillons cramoisis au milieu des marques plus sombres, presque violacées qui commençaient à durcir les tissus organiques. Le spectacle que j’offrais ne me déclencha aucune réaction, et je restais là, immobile, à dévisager ce visage inconnu qui me regardait, désorienté.
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